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Publié le 1 juin 2019


Bulletin 59 Les Frères Mercier

juin 2019 Christian Mourey

L’édition du quotidien L’Est Républicain du 26 avril 2019, dans sa page Morteau consacre un article aux liens entre l’horlogerie et la Résistance. Brice Leibundgut, président de l’Association Les Amis de Pergaud , revient sur le parcours tragique de la famille Mercier.
Georges Mercier est né à Morteau en 1899. La famille est de tradition horlogère. Après la première guerre mondiale, Georges s’établit à Besançon et change d’orientation professionnelle. Il reprend la teinturerie Monnier au N°9 du quai Veil-Picard.

Georges a pour voisin de quai Julien Durand, député, au N° 37, et Charles Siffert, maire de Besançon de 1925 à 1939, patron du Limonadier Comtois à l’emplacement de l’actuelle trésorerie générale. Il intègre
naturellement la municipalité radicale-socialiste de Charles Siffert en 1935. Il fait partie de la Commission du plan d’extension, commission ouverte où il peut côtoyer les architectes Boutterin, Boucton, Saint-Ginest, Tournier… Il est également juge au tribunal de commerce. Mobilisé en 1940, de retour, il entre
en résistance en s’appuyant sur les réseaux du Haut-Doubs pour faire passer en Suisse évadés, Juifs, résistants, pilotes anglais et, bien sûr, ce qui intéresse fort Londres, pour le renseignement.
Deux de ses quatre enfants vont marcher dans ses pas. Pierre, né le 11 décembre 1923, et Jean, le 12 juin 1925. Lycéens au lycée Victor-Hugo, ils ont pour compagnons Henri Fertet et Jean Grappin.


Les locaux de la teinturerie se prolongeant jusqu’au 9 de la rue d’Arènes où la famille réside, les passants peuvent parfois entendre par la fenêtre ouverte L’Internationale interprétée au piano par Pierre qui dessine également.
Fin 1943, il réalise une évocation clandestine des 16 fusillés de la Citadelle du 26 septembre, dont Fertet et Grappin.

Dans le Haut-Doubs le 29 juillet 1944, Pierre Mercier est repéré puis dénoncé à la descente du bus à l’autogare des Monts-Jura. Il se réfugie dans un immeuble de la place du Marché, on lui refuse l’asile. Les Allemands l’exécutent sur place. Le 19 août, une messe lui est dédiée à la Madeleine.
Son frère Jean est exécuté un mois plus tard, le 28 août, vers Clerval, avec six compagnons, lors du rapatriement des fruits d’un parachutage.
Au cœur de cette tragédie, le père, Georges Mercier, participe cependant à l’œuvre libératrice. Il fait le coup de feu du côté de Montjoux où il est blessé.
Le 20 décembre 1944 se réunit le premier conseil municipal d’après Libération. Sous Vichy, maire et conseillers étaient nommés par le préfet.
Faute d’élections, on a convoqué le conseil élu en 1935. Georges Mercier est là. Sous la présidence de Henri Bugnet qui a succédé à Charles Siffert, mort en 1939, ce conseil décide à l’unanimité de renommer la rue de Chartres qui prolonge la rue de la Madeleine jusqu’au fort Griffon et à l’ancienne porte
Charmont, Rue des Frères Mercier.

Au 6 de la rue de la rue de Chartres (future rue des Frères Mercier), Léon Haffner, tailleur, a installé famille, employés et atelier sur le trottoir. Mais quelle pente !
Chartres : référence toponymique à un camp romain situé sur les hauteurs de Battant. Battant, carrefour de quatre voies romaines.

Christian Mourey

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