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Publié le 1 décembre 2018
Bulletin 58 bis Les salles d’asile, ancêtre de l’école maternelle
décembre 2018 Elisabeth Paulin
A la fin de l’article ASILE du grand dictionnaire Robert, on peut lire, après les sens connus de ce mot introduit par l’habituel « spécialement » quand il y a un sens très particulier :
« Etablissement d’assistance publique ou privée ; salle d’asile a désigné autrefois l’école maternelle, l’asile pour les petits enfants. » Et le lecteur est renvoyé à : « crèche, garderie, orphelinat, hospice ». Nous allons nous intéresser aux salles d’asile à Besançon, sachant qu’il y en eut dans toute la France, dans les villes comme dans les campagnes.
Mais tout d’abord, quelle est l’origine, l’histoire des salles d’asile ?
Le premier qui comprit le danger couru par les petits enfants pauvres, laissés à eux mêmes pendant le travail des parents et qui chercha à y remédier, fut le pasteur OBERLIN (1740-1826). Au Ban-de-la-Roche, dans les Vosges, il créa en 1769, avec sa femme et Louise SCHEPPLER, les « écoles à tricoter ». Les enfants y apprenaient la prière, la lecture, le chant, le dessin, le calcul et le travail manuel. Les « écoles » qui se voulaient avant tout un lieu de protection, de moralisation, peuvent être considérées comme la préfiguration des salles d’asile telles qu’elles furent d’abord conçues. Les grandes villes mirent un demi-siècle à comprendre cette œuvre qui restera localisée pendant quarante ans dans les vallées des Vosges.
A Paris, sous le Consulat, la marquise de PASTORET ouvrit une salle d’hospitalité, soutenue par la bienfaisance individuelle. Cette salle était conçue pour élever, jusqu’à la mise en apprentissage, les enfants isolés et sans secours pendant les travaux journaliers de leur mère. Mais sa tentative échoua très vite.
Au début du XIXe siècle encore, en Ecosse, Robert OWEN1 fit bâtir près de son usine une école dont une section était réservée aux tout petits (2 à 6 ans). Cette expérience tourna court. Son premier collaborateur, James BUCHANAU, créa ensuite des Infants schools, écoles enfantines, à Londres. Des Parisiennes les visitèrent et enthousiasmées, tentèrent en 1826 d’ouvrir un asile rue du Bac. C’est Denys COCHIN finalement qui permit aux salles d’asile de prendre le bon départ. La pensée en matière d’éducation de jeunes enfants, certainement redevable à l’Angleterre, a pu avoir d’autres sources : Rousseau, Pestalozzi, le pédagogue suisse qui entre autres fonda des écoles pour enfants pauvres. Les initiatives de l’Allemand
FROEBEL, le père des Kindergärten, jardins d’enfants, sont postérieures au « Manuel des salles d’asile » publié en 1833 par Denys Cochin.1
1. Réformateur et socialiste britannique. La Bibliothèque municipale conserve une lettre de lui à Victor Considérant, dans laquelle il expose en français ses idées sur la propriété.






Elisabeth Paulin