Publications > Bulletins de l’association

Publié le 1 mai 2017


Bulletin 57 Besançon « Histoire ou petite histoire de nos rues » la rue du Sachot

mai 2017 Christian Mourey

La rue du Sachot, redevenue rue du Séchal en 1946. Eveline Toillon dans son ouvrage « Les rues de Besançon » nous indique que:
« l’abbé Rossignot rappelle la dénomination de cette rue au XIIIe siècle : vicus de Saichat, et indique que l’on désignait ainsi le quartier du sénéchal de Bourgogne. Pour les autres auteurs, le séchal ou sachot était tout simplement le gérant d’affaires du Chapitre de la Madeleine. »
Aux péripéties de ces dénominations successives pour cette rue, appliquons cette citation tirée du Tartuffe de Molière – Acte III, scène II :
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. »
Cédons la plume à Christian MOUREY

Il existait des « encartées » établies hors des maisons. Et puis il y avait les autres, clandestines, et là tout était possible. Au conseil municipal du 30 mai 1881, le conseiller Grosjean rapporte une pétition des habitants des rues Charmont et Richebourg contre des rassemblements de filles publiques et de leurs souteneurs et dénonçant des scènes offensant la décence publique (allait-on jusqu’à pratiquer le « furtif de porte cochère » ?) Le maire, Delavelle, répond qu’il ne dispose pas d’effectifs de police suffisants.
Les filles soumises donnent aussi du fil à retordre à la police. Pour le seul mois d’août 1916, elles font l’objet de 68 contraventions ou mises au violon, surtout pour manquement à la visite sanitaire et circulation tardive. Trois sont condamnées à 3, 6 et 12 mois de prison.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Etat-major allemand réquisitionne, rue du Sachot, un bordel destiné à ses troupes. Un registre des visites est tenu. Une fiche est remise à chaque client où sont mentionnés date, heure, préservatif, désinfection, prénom de la partenaire ; pour une plus grande traçabilité sanitaire, le visiteur doit la conserver deux mois. Battant semble avoir laissé de bons souvenirs aux soldats allemands. Dans les années 1990, on rencontrait encore dans le quartier des seniors germains en pèlerinage, à la recherche de la rue du Sachot. L’Etat-major américain en septembre 1944 adopte une autre attitude. Il interdit l’accès à la rue du Sachot aux GI. L’offensive libératrice s’arrête une rue avant, rue Gratteris. Des filles de la rue du Sachot, redoutant la tondeuse vengeresse, repartent avec l’armée
américaine.

Christian Mourey (janvier 2017)

Dans la même Catégorie


Bulletin 65 Besançon Au fil de nos archives…
Bulletin 53 bis Besançon Un architecte bisontin: René Tournier
Bulletin 60 Jouffroy d’Abbans en trois volumes
Bulletin N°37 Besançon La grange Huguenet

Nous utilisons des cookies pour mesurer le nombre de visite et pour vous assurer la meilleure expérience utilisateur sur notre site. Nous ne traitons pas ces données à des fins commerciales mais seulement en matières de statistique. Pour plus de transparence merci de vous reporter à notre politique de confidentialité.
En acceptant, vous autorisez lʼutilisation de ces cookies, merci.