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Publié le 1 novembre 2011


Bulletin 51 ter Besançon « quand reverrons-nous le plan-relief de Besançon ? »

novembre 2011 Michèle Manchet

Cette reproduction fidèle du plan relief original – réalisé en 1722 par l’ingénieur La Devèze,
réactualisé en 1762 et 1792, restauré en 1967 – fut officiellement remise à la Ville de Besançon le 7
mai 1991, destinée, semblait-il alors, à enrichir les collections historiques du musée du Temps, à
titre de document unique de la configuration urbaine au XVIIIe siècle.
Le plan-relief de Besançon fait partie de la collection de maquettes des places fortifiées commandées par Louis XIV et Louvois, toutes réalisées au 1/600e, et rapidement élaborées à partir de 1688. Vauban leur accordait un grand intérêt et en surveillait la mise au point et la précision : ainsi en fit-il détruire plus de 50 en 1697, qui seront renouvelées, ce fut le cas du premier plan de Besançon par l’ingénieur Sauvage (1690), duquel ne persiste que la transposition en “plate peinture” par Bourrelier (1691).
Ces plans étaient considérés comme des outils stratégiques, à des fins militaires, mais aussi comme des symboles de la puissance royale et leur présentation – au Louvre, à partir de 1700, dans la galerie du bord de l’eau – était réservée aux hôtes de marque. Complétés durant la Révolution et l’Empire, 150 furent achevés, dont il reste actuellement 102, un grand nombre ayant été endommagés par le temps et les déménagements successifs (aux Invalides en 1776 sous la surveillance de Soufflot, au château de Chambord en 1939, puis retour aux Invalides où le public fut admis peu à peu à les découvrir).
C’est en 1985-86, alors qu’il était question de déplacer tout ou partie de l’ensemble à Lille (le premier ministre d’alors en étant le maire) que l’idée prit forme de faire réaliser une copie à l’identique du très beau plan de notre ville. Très beau, en effet, l’ingénieur Jean-François La Devèze, qui fut un élève de Jean-François de Montaigu, ingénieur de la marine et collaborateur de Vauban, était l’auteur des plans les plus soignés, parmi lesquels Arras et Strasbourg.
Une telle copie permettait d’avoir sur place, protégée des vicissitudes politiques, cette page de lecture urbaine du plus grand intérêt historique et pédagogique.
Le projet était ambitieux car d’un coût élevé, en rapport avec la qualité de travail exigé (1 400 000 F en 1988 !). La démarche paraissait hasardeuse, le mécénat n’étant pas encore d’actualité ; il fallut toute l’énergie de Mme de Montrichard (VMF), pour convaincre les acteurs locaux qui redoutaient l’échec, en faisant appel à des personnalités telles Christian Pattyn – chef de la mission plan-relief, ancien directeur du patrimoine- Michel Pernot, historien, venus plaider publiquement en faveur d’une telle reproduction. Ils furent entendus, et un comité d’action se constitua, original, fédérant la plupart des organismes culturels (sociétés savantes, associations patrimoniales), dont le regretté Henri Weil fut le vrai moteur, utilisant ses talents et son entregent pour la recherche de fonds et la création d’animations autour du projet (entre autres auprès des scolaires). Il faut aussi rappeler l’aide incessante et efficace apportée au sein de l’administration municipale par notre président actuel de la RVB.
L »opération était lancée, qui se déroula de novembre 1989 à août 1991, pour effectuer une copie
exemplaire des 27 m2 en neuf tables du plan-relief de Besançon, grâce aux talents des maquettistes de la société Relief. Le financement put être assuré, mois après mois, non sans difficultés, grâce aux collectivités locales, au mécénat d’entreprises, au monde associatif et au grand public, sollicité pour des produits dérivés ! Le dernier “trou” fut comblé par une subvention du Conseil Supérieur du mécénat culturel. Ouf ! Merci à Jack Lang via Henri Weil ! 15 000 heures de travail furent nécessaires pour mettre en place 4 000 maisons, 20 000 cheminées, 4 500 portes et fenêtres, 18 000 lucarnes, 15 000 arbres feuillus, 5 000 sapins, 23 000 pieds de vigne, 100 m de murets, 50 m de rues pavées, quelques mètres de fortifications, sans
compter les édifices publics civils ou religieux figurant à l’échelle du 1/500e pour être plus repérables.
Des matériaux divers furent utilisés, pour la plupart identiques à ceux d’origine : bois, carton, papier collé, dessiné, aquarellé ou impressionné, flocage de soie, sable, colle, peinture à l’huile et gouache.
Le résultat est d’une fidélité parfaite, l’équipe de Jean Parreaux a bien accompli sa mission !
Dans un premier temps, après sa remise à la ville, le plan fut exposé au musée des Beaux arts, assez bien mis en valeur par Paul Weber et financé en partie par le comité local du plan-relief dans un local malheureusement trop exigu : tabouret et jumelles fournis, il était néanmoins consultable assez aisément!
Puis ce fut sa mise en place au musée du Temps rénové, dans le grand comble, au milieu de tout et n’importe quoi, posé directement au sol, dépouillé de son environnement extra-muros et cerné de petits cailloux dorés…bizarre, d’autant que pour s’y repérer, il était bon de s’accroupir ou mieux de se mettre à plat ventre …
Ensuite il fit une brève apparition, dans une position plus favorable à sa lecture (plan incliné) dans l’exposition Vauban, puis le temps des réserves arriva…qui peut être long si le projet d’une nouvelle présentation au rez-de-chaussée du palais doit se faire dans le cadre de la future
restauration et de l’ achèvement de ce dernier !
Nous attendons, espérant que le fruit d’un travail collectif stimulant ne finira pas par être oublié.
Nous y veillerons.

Michèle Manchet

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