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Publié le 1 novembre 2011
Bulletin 51 ter Les journées du patrimoine 2011
novembre 2011 Michèle Manchet
La Porte Noire Le samedi fut consacré à la Porte Noire, avant son dévoilement officiel, avec des conférences salle Courbet : à son histoire, à son étude illustrée par Hélène Walter, puis aux travaux de nettoyage, méticuleux et variés suivant les parties traitées, par les spécialistes appelés à son chevet depuis
plusieurs années. L’après midi, Marie-Claire Waille présenta quelques images de la Porte au cours
du temps. Ainsi, l’esprit et les yeux bien préparés, la porte se révéla-t-elle dans la nuit, illuminée et
magnifiquement transformée, livrant au regard sa pierre dorée et permettant la lecture de la plupart
de ses sculptures. Dorénavant, les visiteurs sont accueillis par Castor et Pollux, et aussi par les
Victoires des écoinçons, visibles de loin !
Dimanche, l’association eut l’honneur et le privilège de présenter deux édifices religieux fermés habituellement au public, Notre-Dame et Saint-François Xavier, grâce à la bienveillance de Monsieur le maire, Jean-Louis Fousseret qui, pressenti par notre président Jean-Marie Pinel,
accepta d’autoriser leur ouverture exceptionnelle, ce dont nous le remercions très chaleureusement
ainsi que l’office du Tourisme qui intégra notre participation.
L’Eglise Notre-Dame ancienne église de l’abbaye bénédictine Saint-Vincent fondée au XIe siècle,
fut placée sous ce vocable après la destruction de Notre-Dame de Jussa-Moutier et devint église
paroissiale en 1807. Elle est désaffectée depuis quelques années..
Saint-François Xavier, chapelle du collège des Jésuites depuis 1688, devint église paroissiale en 1801 à la suite du Concordat. Toutefois, elle en avait tenu lieu depuis le départ des jésuites en 1765-1766 jusqu’à la Révolution ; elle servit alors de prison pour hommes puis devint en 1794 le lieu des célébrations décadaires avant d’être restituée au culte schismatique catholique.
Désaffectée depuis une trentaine d’années, elle abrita « le théâtre des manches à balais » et sert actuellement aux répétitions d’orgue du conservatoire (sur un orgue portatif, l’orgue original ayant
été déplacé à Saint-Louis de Montrapon).
Si Notre-Dame, qui fait l’objet de quelques visites guidées est « présentable » en l’état, ce n’était pas
le cas de saint-François Xavier, malgré sa toiture refaite et sa façade hâtivement nettoyée il y a quelque temps, l’intérieur était sale et abandonné, victime d »actes de vandalisme, ainsi que la porte, incendiée en septembre 2010. En conséquence, Monsieur le maire fit procéder au nettoyage soigné de l’église et à la remise en place de la porte refaite à l’identique, ainsi qu’à l’ouverture et à la replantation du petit jardin contigu – celui de la cure voisine – ces travaux étant placés sous la surveillance attentive de Lionel Estavoyer. Merci à eux et aux ouvriers qui ont travaillé avec tant de diligence pour transformer les lieux.
Un public nombreux se pressa tout au long de la journée et chacun fit de son mieux pour faire
revivre ces monuments.
Notre-Dame est un édifice complexe, maintes fois restauré et remanié depuis le XIe siècle, dont il
subsiste les colonnes de la nef (mais aux bases enterrées et aux fûts accostés par les pilastres
soutenant les voûtes mises en place ultérieurement).
– Au XVIe, on doit : -la tour des cloches (foudroyée en 1645), -la chapelle flamboyante d’Antoine de Montécut (aumônier de Marguerite d’Autriche),( vers 1545),
-le porche gothique
– Au XVIIe : – la réfection des voûtes, achevée par dom Vincent Duchesne
– Au XVIIIe : – celle de la toiture, de la façade,des stalles (de 1720 à 1750) – de la tribune (dom Vincent Duchesne, JP Galezot et Amoudru)
– Au XIXe : – la colonnade hémicyclique à la grecque de Lapret, formant le choeur – la chapelle due à Ducat au centre du choeur éclairée par une coupole, -la statue en marbre de la Vierge offerte par Napoléon III – puis les vitraux mis en place en 1879 – et les peintures murales d’Aubert
De siècle en siècle, la visite est un peu acrobatique et demande beaucoup d’éclectisme !
Saint-François Xavier, achevée en 1688 d’après les plans du père de Hoyet, grâce au legs de la fortune des Gauthiot d’Ancier, est d’architecture classique « jésuite », d’une lecture aisée tant extérieure qu’intérieure, parvenue inchangée jusqu’à nous.
Façade couronnée par un large fronton, composée de deux étages d’ordres – la mode s’en répandait depuis 1620 – au portail rectangulaire encadré de pilastres alternant avec des niches, la même disposition se répétant à l’étage supérieur, autour d’un oculus.
A l’intérieur, nous nous trouvons dans un vaisseau clair et spacieux (30 m de long, 20 de large) en
croix latine, du type nef à chapelles latérales, rythmé par des pilastres corinthiens réunis par une frise sculptée sur laquelle alternent rinceaux et armes des Gauthiot d’Ancier (un faucon éployé).
Une coupole sur pendentifs, dans le plan des voûtes, surmonte la croisée du transept, flanqué de
loggias, de même que le choeur. Un maître-autel somptueux complète l’ensemble (mis en place en
1727, fabriqué à Paris grâce aux libéralités d’une paroissienne, veuve du conseiller Boisot) ainsi qu’une chaire plus tardive due à Clésinger père, très élégante (il faut signaler aussi la tribune d’orgue reposant sur trois arcs aux retombées suspendues).
L’ensemble est harmonieux, lumineux et on y éprouve un sentiment de bien-être et de sérénité, après la surprise de découvrir une église finalement peu dégradée, qui paraît très « habitable »…
Après cette première ouverture, nous en espérons d’autres, peut-être après quelques travaux intérieurs portant sur les staffs et la voûte, et même si le lieu s’y prête, il ne s’agit pas d’un vœu pieux !
La Fondation du Patrimoine peut engager une souscription pour réaliser des travaux et d’autres mécènes
peuvent être trouvés. On peut envisager de consacrer ce lieu à la musique et pas seulement durant des
répétitions !
Michèle Manchet