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Publié le 1 avril 2016


Bulletin 56 Besançon à travers l’histoire de son noble hôtel consistorial

Avril 2016 Michèle Manchet

A la suite de l’entrée de la Bourgogne dans l’Empire en 1032 (après la mort sans héritier de RODOLPHE III) préparée par Henri II dit le saint et réalisée par CONRAD II le salique, BESANCON devint une SEIGNEURIE EPISCOPALE D’EMPIRE, en 1041-1042, par la volonté d’Henri III le noir, proche du grand prélat Hugues Ier de Salins, son homme de confiance.
Henri III célébra ses fiançailles avec Agnès de Poitiers à Besançon le 21 août 1043 ; il y revint en 1053 et Hugues Ier assiste à son couronnement impérial en 1047. Henri III mourut en 1056. Son successeur Henri IV s’arrêta à Besançon à Noël 1076, se rendant à CANOSSA.
Dès lors, la ville est placée sous l’autorité de l’archevêque, prince d’empire, vassal immédiat de l’Empereur, qui y détient, investi des droits régaliens (les régales) des pouvoirs à la fois spirituel et temporel, ce dernier au détriment du Comte, outre la seigneurie générale sur la citée, comprenant des droits fiscaux exorbitants et l’exercice de la justice, le prélat possède de vastes domaines à Besançon et dans son territoire (tels Bregille, Rosemont, etc)
La justice épiscopale s’exerce dans trois juridictions, outre l’officialité, tribunal ecclésiastique :
La Régalie : créée au début du XIIIe siècle et ne dépendant que de l’archevêque. Elle ne sera supprimée qu’en 1678, mais perdra de son importance dès le XVIe siècle. La conquête française mettra en place un système judiciaire complexe et hiérarchisé, des prévôtés, baillages et présidiaux, au parlement.
La vicomté et la Mairie : Tribunaux épiscopaux relevant précédemment du Comte et désormais inféodés par l’archevêque à des officiers justiciers laïques, le vicomte et le maire. La mairie était située dans le quartier du Maisel, proche de la tour du change, citée dès 1240, occupée par le monnayeur de l’archevêque dont le maire faisait souvent office.
La vicomté était proche des Antonins et des premiers sièges de la commune, en particulier de la maison dite « la cheminée » dépendante de l’hôtel Porcelet puis Chifflet, reconstruit en 1565, rue des chambrettes (au n° 8 de la rue Pasteur actuelle). Lors de récents travaux, une partie du bâtiment fut retrouvée, datable du XIIIe siècle et visible dans la rue du loup.
Durant le règne de Frédéric Barberousse (1152-1190), très présent en Bourgogne et à Besançon même, après son mariage en 1156 avec Béatrice fille de Renaud III (dit Franc-comte) d’où peut être l’origine du toponyme Franche-Comté), certains allégements des prérogatives de l’archevêque purent être obtenus : décharges d’impôts (les tailles) et aménagement de la mainmorte.
C’est à la suite de la diète de 1157, tenue à Besançon et au cours de laquelle Frédéric Ier en vint aux mains avec le légat du pape BANDINELLI, que la dénomination « Saint Empire Romain » apparut officiellement. (« Germanique » ne sera ajouté qu’à la fin du XVe siècle).
La mainmorte sur ses « cives sui » par l’archevêque fut très vite mal supportée par les habitants de Besançon. Au cours du XIIIe siècle, ils se soulevèrent à trois reprises pour obtenir plus d’autonomie municipale et désireux de s’administrer eux-mêmes, s’organiseront en communes insurrectionnelles (1224-1258-1289). La première commune jurée fut constituée en 1224 et, usurpant des droits de l’archevêque, fut aussitôt dénoncée, condamnée et réprimée par le prélat, l’empereur Frédéric II Hohenstaufen et son fils Henri ainsi que par le pape. Sous un calme apparemment revenu, l’émancipation collective ne se poursuivit pas moins clandestinement, soutenue dès 1239 par l’empereur Frédéric II, lui-même en conflit avec le pape (qui le déposera à Lyon en 1245 !) et par Jean de Chalon qui s’installa dans la cité et parviendra à en obtenir la garde dès 1308 pour lui et pour sa famille et à investir vicomté et mairie en 1293, directement ou par des hommes-liges. (Il faudra attendre 1384 et l’investiture en comté de Philippe le Hardi pour que la cité change de gardien !).
A partir de 1250, la tension s’aggrave, les citoyens accaparant des biens ecclésiastiques et établissant un tribunal civil. La rupture fut avérée en 1258 avec cette fois la mise en place d’une organisation municipale coutumière avec un sceau et un trésor, gérée par douze « prudhommes » coiffés par un « pardessus », siégeant en consistoire. Confronté à cet état de fait, auquel l’archevêque parut se résigner, le pape Alexandre IV fit appel à la médiation du roi de France Louis IX qui vint…peut-être…à Besançon en 1259, et obtint l’apaisement. Toutefois les institutions mises en place sont stables, attestées dans un traité de garde établi entre la cité et le Duc de Bourgogne en 1264. En 1277 la cité fait alliance avec le Comte Othon IV, qui tente de la rapprocher de la France. Devant la menace, Rodolphe de Habsbourg, empereur depuis 1273, après l’interrègne réagit vivement et avec le soutien de Jean de Chalon-Arlay assiégea la ville en août 1289, dont les prudhommes assurèrent la défense. Othon IV se soumet finalement et le 3 juin 1290, Jean de Chalon-Arlay met fin aux hostilités, contre le paiement d’une indemnité de 8 000 livres, et confirme les franchises de la cité par une charte accordée par l’Empereur, qui sera ratifiée par son successeur Adolphe de NASSAU en 1296.

Désormais, de 1290 à 1668 avant la conquête définitive par la France, Besançon est VILLE LIBRE IMPERIALE sous la suzeraineté directe de l’Empereur et sous la garde du comte de Bourgogne. Ce lien privilégié avec l’Empereur (dont les gouverneurs sauront parfois user avec bénéfice, obtenant par exemple de Charles IV en 1364 l’autorisation d’avoir une prison municipale) a l’inconvénient d’isoler la ville dans la Comté, l’empêchant d’en être la capitale et le siège des institutions provinciales (parlement, université etc). Le gouvernement municipal ne cessera de tenter, au cours de sa longue histoire, de remédier à cette situation, mais en vain jusqu’à la conquête française.
La Commune (UNIVERSITAS CIVIUM BISONTINORUM) administre la cité et sa banlieue, biens, finances et défenses, sauf dans le domaine judiciaire et réserves faites de certaines prérogatives maintenues de l’archevêque. (Ces dernières seront un peu atténuées par le traité de Rouen en 1435, entre la cité et Jean IV de La Rochetaillée, cardinal de Rouen).
La charte de 1290 insiste sur le fait que les citoyens ne sont justiciables que des tribunaux épiscopaux ; toutefois, en vertu du système de procédure accusatoire la commune pourra participer aux activités judiciaires par institution d’un jury. Ceci changera au XVIe siècle, les gouverneurs ayant désormais la haute main sur l’exercice de la justice, malgré l’existence persistante des tribunaux épiscopaux.

Au cours du XIVe siècle, dans la ville divisée en 7 bannières (les quartiers) – dont sont exclus le clos St Paul, enclave juridique offrant le droit d’asile jusqu’en 1503, ainsi que le quartier capitulaire, qui échappent à la compétence communale) – un système représentatif est mis en place, d’un conseil de 28 notables et d’un collège de 14 gouverneurs, les notables représentent en quelque sorte le peuple au sein du gouvernement.

L’élection a lieu chaque année à la St Jean par une assemblée de citoyens choisissant des procureurs appelés à nommer les notables qui éliront les gouverneurs. Le nombre de gouverneurs passa de 2 à 6 par bannières, après l’annonce de la décision d’échange avec Frankenthal vers 1660 et de l’apport au territoire des cent villages. Durant le XVIIe siècle les modalités électorales varieront à plusieurs reprises n’allant pas dans le sens de la démocratie…
L’administration, sous l’autorité des gouverneurs, repose sur des « officiers », secrétaire, trésorier, etc, cinq dits de 1er rang et un grand nombre de 2ème rang. Les différents domaines d’intervention (police, biens, finances, défenses, etc) sont exposés dans les neuf livres de la « Police du noble hôtel consistorial » établie par Simon Gauthiot d’Ancier et Jean Lambelin avant 1520.

Les décisions sont consignées dans les registres de délibérations municipales.
Ce gouvernement municipal fonctionnera avec peu de changements durant presque quatre siècles, mais connaitra au XVIe siècle sous la suzeraineté de Charles V, empereur et comte gardien de la ville, l’apogée de son indépendance, obtenant encore en 1534, par l’édit de Tolède accordé par l’Empereur, le droit de battre monnaie. Cette singularité communale prit fin après la conquête française. Le Magistrat, avec, à sa
tête, un vicomte-mayeur, perdant beaucoup de pouvoir en faveur de l’intendant et du gouverneur.
Jusqu’à nos jours l’administration municipale a évolué suivant les avatars politiques de la France aboutissant à un fonctionnement plus démocratique grâce au suffrage universel (1848).
Une maison commune, permettant la tenue de réunions et la mise à l’abri des archives, était nécessaire, dès la mise en place des premières institutions communales au cours du XIIIe siècle, avant même la charte de 1290. Une position au centre de la cité pouvait en accentuer l’aspect symbolique.
Besançon était, à l’époque, une bourgade semi-rurale, ne comptant guère plus de 7 à 8 000 habitants (10 000 avec sa banlieue) malgré le renouveau démographique et économique durant l’épiscopat d’Hugues Ier de SALINS (1031-1066) dans cette période du « beau moyen-âge » selon Georges DUBY. Du XIe au XIIe siècle on observe un extraordinaire élan de construction portant essentiellement sur églises et monastères (St Etienne, St-Jean, St-Pierre, la Madeleine, l’abbaye St-Paul et en 1080 sous Hugues II
l’abbaye St-Vincent) mais aussi sur des bâtiments privés, habitat toutefois clairsemé dans des groupements urbains discontinus, du mont St-Etienne à la rive droite, dont la liaison est toujours assurée par le cardo romain.
A la cité épiscopale, derrière son antique muraille fermée par la porte noire, avec 3 églises, la résidence de l’archevêque, l’officialité et la prison, fait suite.

Le quartier SAINT-QUENTIN, avec l’église St-Jean Baptiste, des demeures d’officiers épiscopaux, l’hôtel de la monnaie, mais aussi des commerces près de la chapelle St Quentin, édifiée au XIe siècle par un certain BISONTICUS (on y installera des bancs de boucherie dès 1315, puis une halle).

Plus loin la vieille église St-Maurice face à la Tour de Chilley (qui sera détruite en 1281 par les citoyens en litige avec la famille d’ARGUEL au sujet du bois d’AGLANS, et dont on trouvera les fondations lors des travaux de restauration du palais Granvelle). On arrive ensuite au quartier SAINT-PIERRE, avec l’église, entourée de son cimetière (supprimé en1601) avant d’atteindre le quartier du BOURG ou MAISEL (du latin
macellum, marché), avec les boucheries en bordure du Doubs et de la rue dite des boucheries, des ports (mayeur et de hauterive ou du St-Esprit), la Mairie (tribunal épiscopal), la tour du change, l’hôpital du St-Esprit et la rue de glères (Courbet actuelle) déjà très construite, 36 maisons en 1300 d’après Roland FIETIER, outre la tour de Vaites de la famille de Montferrand. Au-delà du pont romain à 6 arches, fermé par une porte côté Boucle et garni de chambrettes (boutiques) louées par la commune, trois quartiers composent la rive droite, protégés par une enceinte munie de portes, parmi lesquelles celle dit « de
Péteur » est citée en 1252 : ARENES, avec l’hôpital St-Jacques fondé en 1182 par le chapitre de la Madeleine, proche, est habité essentiellement par des ecclésiastiques, CHARMONT et BATTANT, peuplés d’artisans et de vignerons, avec les halles et la petite église St-Laurent. Les pierres des arènes romaines serviront à élever et à réparer les murailles de défense.


La cité comporte quatre paroisses : St-Jean Baptiste, St Maurice, St Pierre et la Madeleine et est divisée en 7 bannières (excluant la cité capitulaire) parmi lesquelles Chamars est presque inhabitée, à côté du couvent de Jussa-Moutier, car marécageuse. L’archevêque Guillaume de la Tour y fera installer un moulin.
Entre les îlots construits et même en leur sein, beaucoup d’espaces libres occupés par jardins, vergers, vignes ou friches, avec de nombreux animaux domestiques. Une ordonnance municipale de 1447 interdira le maintien des porcs dans la cité entre juin et septembre !
Le clergé, toujours plus nombreux possède la plupart des terrains et trois nouveaux monastères s’inscriront encore dans la Boucle au cours du XIIIe siècle : les ordres mendiants vers 1224, Cordeliers et Jacobin, les Clarisses vers 1250 rue St-Vincent. Hormis les églises, les bâtiments religieux et publics (halles, fours) et les rares tours aristocratiques, peu de maisons en pierre (Roland Fietier en dénombra 25 aux
alentours de 1300, réparties dans tous les quartiers) la plupart étaient en bois et torchis, couvertes de tavaillons d’où la fréquence et la gravité des incendies. (En 1221 outrepont, en 1350 au quartier capitulaire, peu après à St-Paul, en 1452 au Bourg).
Ce n’est qu’en 1569, après l’incendie du quartier d’Arènes en 1546, qu’un édit municipal imposa l’emploi de pierres, laves ou tuiles pour la construction. Pour faciliter l’accès et la circulation au cœur des noyaux urbains, les rues se dessinent peu à peu. De part et d’autre du cardo romain, qui a perdu sa rectitude et va devenir grande rue, citée dès 1240, s’ébauchent la rue des granges et la rue St-Vincent, prolongeant le
chemin des Cordeliers et la rue des Béguines… (les religieux font leurs chemins !). Dans tous les quartiers, parfois à partir des anciens « vici » apparaissent rues et ruelles, ainsi le « vicus de foro » devenu rue des chambrettes (rue Pasteur, proche de la rue Poitune (Cl. Pouillet), et aussi le « vicus cinguli » rue du cingle. « La ruelle à Golard » préfigure la rue de la Préfecture, et le quartier Rivotte se développe rapidement, avec la présence des Jacobins, plusieurs rues faisant suite à la rue des Granges.
Des remparts s’élèvent au bord du Doubs, l’archevêque Guillaume de la Tour ayant donné l’exemple (de
Rivotte à son moulin de Chamars) avec tours et portes, deux fontaines sont créées outrepont, à côté des
puits déjà nombreux, et désormais la cité affirme son caractère urbain. Les portes de la ville dans un manuscrit de Jean Chifflet (du XVIIe siècle, bibliothèque municipale de Besançon, coll. Chifflet 47, fol.9)
dessin à la plume Mais la commune était pauvre, qui devait assurer le salaire des employés à son service ainsi que l’entretien des portes et remparts, comme l’attestent les premiers livres de comptes étudiés par Georges Gazier. Ayant peu de revenus (quelques loyers commerciaux) elle dut à plusieurs reprises recourir à l’emprunt entre autres auprès du juif Mathasias, banquier arrivé avec quelques familles en 1390, et à la levée d’impôts exceptionnels dits « huances ». Dans ces conditions, pas de possibilités d’édifier un hôtel
consistorial représentatif du pouvoir communal. Des bâtiments seront donc loués pour en tenir lieu. La « Bancloche » destinée à appeler les citoyens au rassemblement était disposée dans le clocher de St-Pierre, qui figurait le beffroi communal, il fallait en être proche. Un premier siège consistorial aurait ainsi été installé dans une maison appartenant aux Antonins, en face de leur chapelle, durant presque tout le XIIIe siècle. Des assemblées pouvaient également se tenir chez prudhommes ou notables. Au début du XIVe siècle, vers 1305 (une réunion est encore signalée tenue au St Esprit en 1304) un certain Jean Porcellet
(négociant qui exercera des activités bancaires après l’achat en 1326 de la tour du change à la veuve d’Hugues de Chalon-Arlay, loua à la commune une maison basse en pierre dite « la cheminée », car composée d’une grande salle et d’une vaste cheminée, dépendance de son hôtel Porcellet, qui deviendra Chifflet ensuite et que ,reconstruit en 1565, nous pouvons voir 8 rue Pasteur.
En 1350 la commune est de surcroît locataire d’un de ses gouverneurs pour un local renfermant les « précieuses arches » où sont resserrées les archives de la cité, ses registres, ses privilèges.

A la fin du XIVe siècle, des opportunités immobilières vont enfin se présenter, d’achats successifs de maisons face à l’église St-Pierre et sa bancloche, dans des conditions avantageuses.
En 1381, une première maison est acquise des abbés de St Vincent, provenant de Simon d’Aspremont à titre de créance, pour 50 livres

En 1382, un cogouverneur, Vaulchier de St Paul fit don d’une maison voisine, après la mort de son fils qui l’occupait.
Enfin, en 1383 une troisième maison contigüe put être achetée au chanoine Richard Pique, frère de l’archevêque de Reims, au prix de manœuvres diplomatiques auprès de ce dernier et de 353 F.
D’autres achats suivront, en 1388 et 1393, permettant alors d’entreprendre réparations et
constructions nouvelles pour créer le premier « noble hôtel consistorial » de la cité, utilisé pour
des assemblées dès 1395.

Lors de la venue à Besançon en 1394 du duc Philippe le Hardi et de son fils le duc de Nevers, ils ne purent être reçus qu’à la résidence de l’archevêque, la commune se contentant d’offrir de coûteux présents sous forme de 40 cuves de vin et de boisseaux d’avoine pour les chevaux !
En 1390 et 1392, lors des visites de l’amiral Jean de Vienne, ce dernier avait été accueilli par le gouvernement communal chez un gouverneur, Richard de Parcheminier qui en fut dédommagé.
Dans les livres de comptes de 1394, on perçoit bien que la commune n’édifie pas un nouveau
bâtiment mais « rappropria » les anciens avec quelques ajouts et en les entourant de murs . Il est question de façades recrépies, de toitures refaites avec de grands avant-toits, de planchers réparés et de fenêtres obturées pour installer la prison (qui avait été accordée par Charles IV en 1364). Néanmoins tous ces travaux s’élevèrent à plusieurs centaines de florins (monnaie d’or). Les comptes révèlent également qu’une horloge publique à roues et à poids avait été dès 1388 mise en place dans le clocher de Saint-Pierre, un maître du « Reloige » (Jacques du Reloige) étant chargé de son entretien. (Charles V avait installé au Louvre en 1370 la première horloge publique). Dans les délibérations municipales on parle de
l’installation ultérieure d’une horloge publique dans une des tours de l’hôtel de ville en 1440 ; on évoque aussi en 1465 la reconstruction des galeries de bois en façade, depuis lesquelles le dominicain Vincent FERRIER haranguait la foule en 1417, venu rencontrer Colette de Corbie, à laquelle il offrit sa croix de mission. En 1469, il est question d’édifier une tour en avant de l’hôtel de ville pour y abriter les privilèges. A-t-elle été réalisée ?
En 1404, 1485, 1491 et 1521, diverses acquisitions de maisons, meix ou chazals sont encore effectuées, permettant une emprise foncière considérable, de la rue élargie face à Saint-Pierre (rue plutôt que place, l’église étant à une vingtaine de mètres de la façade de l’hôtel de ville) jusqu’à la rue Saint-Vincent. Les services municipaux pouvaient aisément s’y installer et se développer.


  • En 1404, 1485, 1491 et 1521, diverses acquisitions de maisons, meix ou chazals sont encore effectuées, permettant une emprise foncière considérable, de la rue élargie face à Saint-Pierre
    (rue plutôt que place, l’église étant à une vingtaine de mètres de la façade de l’hôtel de ville)
    jusqu’à la rue Saint-Vincent. Les services municipaux pouvaient aisément s’y installer et se
    développer.
    Durant le XVIe siècle, âge d’or pour la cité grâce à Charles Quint, restaurations de de bâtiments
    et constructions nouvelles se succèdent certaines encore visibles et d’un grand attrait
    aujourd’hui. En 1515 un grenier à blé fut aménagé, dont la création avait été décidée par les
    gouverneurs en 1513 pour parer à la pénurie récurrente de céréales. Installé à l’hôtel de ville
    (mais aussi dans le moulin de la ville à Chamars) il sera agrandi en 1555 et 1615, puis loué à
    l’armée en 1729 pour développer l’arsenal dont il était proche, puis vendu en 1745 (23 200 F
    après estimation par Querret et Longin), (alors remplacé par le nouveau bâtiment édifié place
    Labourey par J. F.Charron puis J. P. Galezot de 1720 à 1724)
    Les gouverneurs s’octroyèrent le monopole de la vente de blé avec un bénéfice de 30% ; toutefois des ventes à perte étaient parfois effectuées au profit des hôpitaux, des couvents et des pauvres.
    Les officiers du grenier (acheteur, trésorier, grainetier, etc) étaient nommés par les gouverneurs.
    En 1520 « le vieulx maisonnement « est jugé « ruylneux » et d’important travaux de
    reconstruction sont menés de 1520 à 1522 de l’avant-corps de logis, avec peut-être déjà une
    façade à bossages ( ?)
    En 1528-1529 les travaux reprennent, portant sur le deuxième corps de logis et les constructions latérales reliant les deux bâtiments (marchés passés en 1528 avec le charpentier Robelin et le « massonnier » Mathey.
    En 1529-1530 un arsenal d’artillerie est édifié au fond du jardin et donnant sur la rue St Vincent,
    surmonté de greniers encore destinés à entreposer les blés.
    En 1534, Charles Quint accorda à la cité, par l’édit de Tolède, le droit de battre monnaie
    (monnaies d’or – ducats et florins -, et d’argent, conformes à celles en usage dans le Saint
    Empire Romain Germanique).
    Un atelier monétaire dut être créé (nouveau bâtiment ?) qui fonctionna dès 1537, mais sera réaménagé de 1538 à 1543.
    Le monnayage municipal fonctionnera jusqu’en 1676, suivi en 1694 par le monnayage royal
    (jusqu’en 1772). –
    Décidée, dès 1554, par le Conseil, la poursuite des travaux de reconstruction du corps principal ne
    reprit toutefois qu’à partir de 1565-1568, durant jusqu’en 1673 et bien au-delà, avec sans cesse
    retouches et finitions… Richard Mayre (ou Maire), 1522-1585, les dirigea et ils aboutirent à la façade
    que nous voyons aujourd’hui, avec peu de changements.
    Longue façade en quartiers de pierre calcaire, alternés ocres et bleus, traités en bossage simple selon le choix des gouverneurs en 1568, selon le choix des gouverneurs en 1568, ouverte par un grand portail, pas tout à fait centré… surmonté d’un fronton triangulaire brisé, contigu à une vaste niche en cul de four flanquée de colonnes doriques supportant l’arc, destiné à abriter une fontaine ; fenêtres à meneaux, celles du rez-de-chaussée protégées par des grilles serrées en fer battu avec rivets « fleuris », et une toiture sans doute en tuiles plombées. L’ensemble surprend par son asymétrie, s’expliquant sans doute en partie par une élaboration maintes fois reprise ainsi que par des contraintes d’urbanisme (ainsi fallut-il réduire la façade d’un côté, supprimant le logement du gardien, pour agrandir la rue de l’arbalète (J. J.Rousseau actuelle) tout en l’étirant du côté opposé sur la ruelle de l’arsenal. Cette dernière, retracée ultérieurement, deviendra la rue du palais de justice. Côté cour, des arcades sont ouvertes, permettant la déambulation. Les travaux intérieurs, dirigés par Didier Mayre, se poursuivront jusqu’en 1592.

Quant à la fontaine dans sa niche, elle va bientôt devenir l’élément principal du décor. Dès 1564 le conseil avait prévu de créer une fontaine dans les différentes bannières de la cité. En 1566 cinq avaient été réalisées qui seront ornées de figures mythologiques en pierre (Neptune, Bacchus etc) et pour celle de l’hôtel de ville, monumentale par sa niche et sa vasque empiétant sur la rue, le choix fut fait d’y porter la figure en bronze « d’un César assis sur une aigle impériale, tiré du portrait de l’empereur Charles V »
Le modèle de l’effigie fut commandé à Claude Lullier et fut « jeté » en bronze par les frères Journot
de Salins (artilleurs) le 15 mars 1568 dans une maison proche des Cordeliers. Ailes et corps furent fondus à part et un serrurier vint poser des griffes aux pattes. Pour le visage de l’empereur Lullier procéda lui-même au regrattage avec l’aide d’un orfèvre, pour un résultat jugé parfait. Le groupe était suspendu au-dessus du bassin de la fontaine, agrafé aux murs de la niche par des crampons.
L’aigle rejetait une eau abondante de son double bec, qui pouvait être remplacée par du vin les jours de liesse !
L’ensemble fit l’admiration d’ambassadeurs suisses en 1575 le décrivant ainsi : « Une fontaine où se dresse l’aigle à deux têtes aux ailes déployées et aux pattes découvertes sur laquelle est assis Charles Quint, tenant l’épée de la main droite et le globe impérial de la main gauche. »
L’inscription (placée en 1570) « plût à Dieu » figurant en lettres de bronze sur un entablement au
dessus de la niche rappelait la devise favorite de l’empereur. Elle deviendra sous sa forme latine
« utinam » le complément héraldique des armoiries de la ville.
A partir de1580, poursuite des travaux de rénovation et d’extension des bâtiments municipaux, comprenant : – la réédification du deuxième corps de bâtiment, relié au premier par deux ailes, dont la façade sur cour doit être digne du front sur rue ! Marché fut passé avec Richard Mayre par les gouverneurs, vite dénoncé par les notables qui n’auraient pas été consultés, alors que les travaux avaient déjà débuté. Ils firent appel à « l’architecteur » Hugues Sambin, de Dijon, qui proposa l’élévation d’une façade richement décorée, avec statues et pierres de couleur. Les maçons de la cité s’engagèrent à la réaliser pour le même coût que celle de Richard Mayre auquel ne s’ajouterait que le prix des quatre colonnes en pierre de sampans et les autres pierres de couleur. Projet accepté à l’unanimité.

Hugues Sambin (né à Gray vers 1515), d’abord sculpteur sur bois, avait travaillé quelques mois sur le chantier de Fontainebleau et il devint, en quelque sorte, le représentant de l’Ecole de Fontainebleau dans notre région, dont il adopta le maniérisme, surchargeant ses façades d’ornements. Cette exubérance est encore plus visible à Dijon qu’à Besançon. (On lui attribue l’hôtel de Chevanney, l’hôtel du Bouteiller et peut-être Buson d’Auxon). La façade, réalisée de 1582 à 1585 (peu changée aujourd’hui, hormis sa regrettable toiture en ardoises) présente un décor abondamment ornementé autour d’un avant-corps prolongé par un campanile devant couronner une chapelle. Deux écussons sculptés représentent les armes de Besançon et celles de l’Empire (dus à Pierre Chenevière) et deux statues en pierre de Vergenne,
la Justice et la Force, œuvres de Gédeon Coillot.
Toisement et réception du bâtiment (qui abritait une vaste salle servant et de prétoire et de salle du
conseil) furent assurés par Pierre Vitte, maçon le 28 mai 1586.
La chapelle fut marchandée à Jean et Didier Mayre en 1588 ; son dôme fut décoré par Richard Badoz et une grande croix de bronze doré surmontait le campanile. Elle fut consacrée le 25 octobre 1591 par Jean Doroz, suffragant de l’archevêque.
Toutefois la grande chapelle du premier corps de bâtiment, dont l’abside avait été supprimée, continua d’être utilisée pour des messes quotidiennes célébrées par les chapelains de la Madeleine et pour les grandes cérémonies. On y placera en 1783, le triptyque de la chapelle des Granvelle.
On peut dater du XVIIe siècle, avec quasi-certitude (sans doute après les menaces sur la ville d’Henri IV et les débuts de la guerre de dix ans) les constructions sur la cour intérieure : réfection de l’arrière du premier bâtiment et élévation des ailes le reliant à celui de Sambin (élévation incomplète à droite où seules deux travées et demi furent achevées). On observe la réalisation d’arcades (qui étaient ouvertes) entourées de bossages, surmontées de fenêtres à bossage également, sur le modèle de la Renaissance, mais plus vastes.

Après la conquête française, le parlement fut transféré de Dole à Besançon en 1676 (coût
150 000 livres) et le palais de Sambin lui fut affecté comme logement et aménagé en conséquence. Désormais la bancloche sonnait pour annoncer les séances…
En 1679, le magistrat souhaitant rendre hommage au nouveau maître de la ville et de la province,
projeta de créer à gauche du portail, une niche-fontaine symétrique à celle présentant l’apothéose
de Charles Quint, dédiée à Louis XIV cette fois…projet sans suite. En 1693, un édit royal, enregistré en 1694 à la cour des comptes de Dole, autorisait la création (imposait !) d’un atelier monétaire royal à Besançon, à la charge de la ville (construction, entretien, fonctionnement). Il en existait 18 dans toute la France. Les débuts de fabrication des monnaies eurent d’abord lieu dans l’ancien atelier monétaire, mais un bâtiment de la monnaie dut être édifié, assez grand pour permettre à plus de 30 personnes de travailler à ces productions. C’est Jean Cuene « maître architecte de la monnaie » qui dirigea les travaux de 1695 à 1696, de cet atelier, situé entre la partie droite de la cour et la rue de l’arbalète, à la suite de l’aile inachevée, mais sans continuité architecturale. La construction est plus basse et mansardée, possédant puits, écuries, de nombreux ateliers et appartements ; l’atelier fonctionna jusqu’en 1772 (par
intermittence, des périodes d’arrêt alternant avec des périodes de fabrication des 80 monnaies royales).
En 1692, après l’institution de la vénalité des charges et la multiplication des offices de judicature, le nombre des parlementaires augmenta considérablement et la place vint à manquer… pour les quatre chambres constituées avec 80 présidents et conseillers. Au cours du XVIIIe siècle des agrandissements successifs du parlement furent réalisés, sur l’arrière, en 1700, 1725 mais surtout de 1734 à 1746, sous la conduite de J.P. Galezot, et par l’entreprise Nodier d’Ornans. (Les aménagements furent aussi intérieurs avec la création de trois grandes chambres d’audience parmi lesquelles, la salle des audiences solennelles reçut une décoration fastueuse). Durant les travaux le parlement siégea au palais Granvelle, à l’invitation du gouverneur.
Peu de changements apportés au bâtiment municipal, si non, en 1744, la création de cinq boutiques au portique de l’hôtel de ville, dans les couloirs intérieurs, par l’entrepreneur Pillot et également le changement des vitrages de la façade ainsi que la pose d’un cadran solaire sur l’aile droite.
De 1783 à 1790 eurent encore lieu des aménagements intérieurs divers.
En 1772 et 1778 deux projets d’extension du parlement dans la première cour furent présentés par
l’ingénieur des Ponts et Chaussées Philippe Bertrand, de reconstruction de l’aile droite sur le modèle de la gauche, pour y abriter les greffes des juridictions. Projet repris en 1877, sans plus de
réalisation.
En 1770, à l’occasion du concours de l’Académie sur « les embellissements dont Besançon serait susceptible » l’architecte Alexandre Bertrand proposa la destruction du vieil hôtel de ville et son
remplacement par un édifice « à la grecque » : grande façade implantée sur un large perron, avec
un vaste péristyle à colonnes corinthiennes abritant l’entrée principale en son milieu et flanqué de
deux avant-corps latéraux assurant la solidité du bâtiment. Bertrand exprimait ainsi sa volonté de
cohérence architecturale du centre-ville, face à l’église St-Pierre et les maisons devant l’entourer
(incomplètement réalisées).

  • En 1792, le groupe sculpté représentant l’apothéose de Charles Quint fut brisé et déposé le 21
    août 1792, puis fondu (qui pesait 1900 kg) le 10 novembre suivant.
    Si, durant le XVIIIe siècle, peu de travaux furent réalisés sur le vieil hôtel de ville, consacrés surtout
    au bâtiment de Sambin affecté au Parlement, il faut attendre les dernières années du siècle suivant
    pour que l’attention du Magistrat se porte sur le « noble hôtel consistorial » à la longue histoire
    depuis le XIVe siècle.
    Il est vrai que le XIXe siècle (de même que la première moitié du XXe siècle) fut une période troublée
    (régimes politiques variés, guerres) ce qui n’empêcha pas les équipes municipales d’entreprendre
    résolument la modernisation de la cité : construction de ponts, de quais, de rues, de bâtiments
    publics, outre alignements, assainissement, éclairage, création de promenades, adduction des
    eaux d’Arcier, télégraphe et chemin de fer. D’immense efforts d’urbanisme et d’hygiène seront
    poursuivis et en 1899 est élaboré un « plan de Besançon idéal ». En 1860 l’architecte de la ville (de 1838 à 1878) Alphonse Delacroix est chargé de la décoration de la niche de la façade, dans laquelle il fera déposer un groupe sculpté « l’amour à la coquille » provenant de la fonderie du Val d’Osne (succédant à la fonderie Ducel qui avait acquis les droits de reproduction de la Diane de Gabies). La même année A. Ducat donnera le dessin de la grille d’entrée du Palais de Justice, réalisé par la fonderie Saint Eve.

En 1872 A. Delacroix est appelé à créer des bureaux dans les combles de l’hôtel de ville (pour
le service de la voirie) qu’il éclairera par des lucarnes ouvertes dans la toiture côté place et côté
cour (ouvertures simples, sans recherche esthétique, sans doute pour des raisons de restriction
budgétaire, la Ville fonctionnant par emprunts successifs !) – –
En 1874, l’architecte P. Marnotte, plus ambitieux, proposa, dans un élégant dessin, de
reconstituer la vasque et l’apothéose dans la niche. Ce projet resurgira souvent, de même que
celui de la reconstruction de l’aile droite sur cour sur le même modèle que l’aile gauche (dessin
anonyme de 1877).
En 1880, l’illumination de la façade au gaz est approuvée par le préfet.

19

En 1879-1880, l’architecte Edouard Bérard réalise un projet pour la restauration de la façade : toit
en tuiles vernissées, campanile… et restitution du groupe sculpté de Lullier.
Le ministre des Beaux-Arts propose la participation de l’Etat pour le rétablissement de sculptures
aux fontaines de l’hôtel de ville et de la place Saint-Quentin (où figurait initialement une nymphe
en pierre de Sampans par Cl. Lullier). Toutefois l’architecte Bérard, attaché à la commission des
Monuments Historiques, établit que la façade de l’hôtel de ville, à côté d’une restauration
« artistique » aurait surtout besoin d’une véritable consolidation, de grosses lézardes fissurant les
murs pignons et la partie droite de la façade, à côté de la fontaine, dont l’eau a sapé les fondations.
La charpente est à refaire, les planchers de même et les portes à remplacer. En conséquent le maire sollicite le classement du bâtiment au titre des Monuments Historiques et sollicite l’aide de
l’Etat pour tous ces travaux.
Le classement sera refusé, l’aide sans doute également car les travaux furent différés malgré
les risques d’effondrement de certaines parties du bâtiment. De 1884 à 1887, on se préoccupe seulement d’aménagements intérieurs.

En 1897, la vasque et son support, débordant largement sur la rue, sont démolis pour permettre la
circulation du tramway électrique ; pour la même raison, une partie nord de l’église Saint-Pierre sera également amputée.
En 1899 la ville organise un concours pour la restauration et l’agrandissement de l’hôtel de ville. Il sera remporté, seul projet retenu, par Mr Lambert, architecte à Paris. Il propose de conserver l’essentiel de la façade, lui adjoignant une aile droite en pavillon, où se trouverait l’entrée des nouvelles salles d’apparat, à la décoration néo renaissance, avec des voûtes de pénétration éclairées par des oculi dans les combles. L’ensemble réalisé pour 300 000 F.
En 1899, l’architecte Gustave Vieille alerte la municipalité à propos du mur pignon sur la rue de l’arsenal, encore dangereusement étayé.
En 1902, l’architecte de la ville Brugvin propose la reconstruction partielle de l’hôtel de ville avec
… (encore) un campanile… en façade En 1906, un projet est réalisé de réfection de la toiture avec la création de lucarnes en pierre (dessin anonyme).
En 1906, également, une mesure radicale est préconisée par Gustave Vieille, de démolition de
l’hôtel de ville, « mon avis personnel serait de voir disparaitre ce hideux amas de pierres sans style,
n’ayant pour lui que sa vétusté et sa laideur… et d’agrandir la place jusqu’au palais de justice ». Il
envisage, toutefois, la possibilité de le conserver, lui attribuant d’autres fonctions, bourse du travail,
exposition d’horlogerie, etc.
Le nouvel hôtel de ville pourrait être installé au Palais Granvelle offrant 5 742 m2 de surfaces
utilisables pour 1 832 m2 au vieil hôtel de ville. Il propose la démolition des bicoques accolées au
mur pignon, et son ouverture par des fenêtres ainsi que l’élargissement de la rue de la Préfecture,
avec la possibilité d’un agrandissement par la construction d’un pavillon d’angle sur la promenade.

En 1907, l’architecte Marcel Boutterin dessine un projet de restauration de la façade principale.
En 1908, l’architecte A. Collin (propos rapportés dans « les Gaudes » décembre 1908) donne son
avis sur la restauration de l’hôtel de ville. Il préconise de respecter la façade en la réparant, écartant
l’idée du campanile, de réserver l’étude de la fontaine et d’établir des lucarnes en pierre (à refends
et bossages) à fronton triangulaire bas dans la toiture refaite en tuiles vernissées. Il propose de
compléter l’aile droite à l’image de la gauche, les arcades pouvant toutefois être murées pour ouvrir
des fenêtres dans les remplages.
Ces conseils sages seront finalement suivis pour l’essentiel, hormis pour ce qui est de la toiture.
En 1909, les architectes municipaux Burcey et Brugvin établissent des projets pour la réfection des
ailes sur cour et l’achèvement de la réfection du mur pignon.
En 1910, la porte du dépôt de la pompe-auto est prévue à l’imitation des portes du XVIe siècle puis
une bonne nouvelle survint :
Façades et toiture sont classées au titre des monuments historiques par décret du 17 décembre 1912
On ne détruit rien, on répare tant bien que mal et les années passent…
En 1941 l’architecte Maurice Boutterin suggère de placer dans la niche une statue comparable au
Jupiter offert en 1545 par Marguerite de Parme à Nicolas de Granvelle pour son palais…
1962, réaménagement intérieur et suppression des boiseries de l’antichambre et de la salle des
mariages (une partie est disposée à l’entrée du temple maçonnique).

En 1966, une partie des services municipaux est déplacée dans les locaux de l’ancien arsenal le long de la rue de l’orme de Chamars, (puis plus tard le bâtiment des petites sœurs des pauvres et leur chapelle sont annexés), l’ensemble 2, 4, 6 rue Mégevand devenant le centre administratif municipal.
De même, les services s’implanteront hors de la boucle (avenue Clémenceau), le vieil hôtel de ville
demeurant toutefois le symbole de l’activité communale, où l’on tient toujours « consistoire » (dans la salle du conseil municipal).
En 1976, à l’occasion de la piétonisation, la fontaine est transformée, avec la mise en place d’une
nouvelle vasque et d’un jet d’eau vertical. On démonte la porte principale.


  • En 1997-1998, il est procédé au ravalement de la façade, où l’on retrouve la belle alternance bleue
    et ocrée des pierres.
    Dans la première décade des années 2000, réfection de l’ensemble du 1er étage (salle des mariages, bureau officiel du Maire, salle du conseil municipal, etc)
    L’hôtel de ville, restauré, consolidé, animé, n’attendait plus que la réfection espérée de sa toiture
    et la suppression des lucarnes qui la défigurent, lorsque le 25 juin 2015, un déséquilibré vint
    provoquer un incendie qui ne fit heureusement pas de victime mais causa des dégâts
    considérables au centre du bâtiment, où avait été mis en place l’accueil des touristes, jusqu’aux combles.
    A nouveau, des travaux de restauration vont devoir être menés, chaque siècle en aura connus, et
    il faut souhaiter les voir réalisés avec rigueur et exigence, pour permettre au vieux bâtiment de
    témoigner encore longtemps de l’histoire communale.

Avec mes remerciements chaleureux à Pascal Brunet pour sa documentation généreusement transmise ainsi qu’à Danielle Pinel pour la frappe, la mise en page et la présentation.

Michèle Manchet

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