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Publié le 1 décembre 2016


Bulletin 56 bis Besançon Statues et bustes fondus sous l’occupation

décembre 2016 Quelques précisions ( cf bulletin n°56 )

Jean Claude Goudot

Tout d’abord à propos de la statue de Louis Pergaud et de l’absence à la cérémonie pour sa mise en place p. 38, il faut lire Eugène Chatot (Il épousa la veuve de Pergaud et ils habitèrent le village de Gizia dans le Jura) ;
Concernant le monument glorifiant le peintre Théobald Chartran (1849-1907), visible dans le jardinet qui précède le Kursaal, œuvre du sculpteur Segoffin (1867 1925), il avait été inauguré en 1910. Puis, sous l’Occupation, en décembre 1941, il avait été retiré et, comme d’autres statues bisontines, envoyé à la refonte des métaux.
Il faudra attendre une décision du conseil municipal de Besançon, du 24 février 1948, pour que la uestion de son remplacement par le buste actuel soit réglée :
« M. l’Adjoint Tock expose que par lettre du 3 janvier dernier, le Ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres a fait connaître que le remplacement du buste de Chartan enlevé par les Allemands pendant la
guerre ne serait pas effectué par ses soins, les crédits destinés au remplacement des œuvres en bronze étant épuisés et n’ayant pas été renouvelés. M. Laëthier, le sculpteur bisontin bien connu possédant un moulage de l’original de cette œuvre détruite, s’offre à le refaire et à le remettre en place pour la somme globale de 30 000 F y compris la fourniture du bronze.
Sur avis favorable des Commissions des Bâtiments et d’Administration et des Finances, le Conseil municipal accepte cette proposition et vote à cet effet un crédit de 30 000 F qui sera prélevé sur les fonds libres et porté au budget supplémentaire de l’exercice 1948. Considérant que M. Laëthier fait l’avance de la matière première, le paiement s’effectuera dans les conditions suivantes :1/3 à la commande,
1/3 en cours d’exécution et le reliquat après la mise en place du buste. »

Toujours à propos de ce cher Théobald, Eveline Toillon nous donne les précisions suivantes

Après la douloureuse guerre de 14-18, beaucoup de Bisontins pensèrent que le Kursaal portait un nom par trop germanique et qu’il fallait le baptiser d’une autre manière ; différentes appellations furent proposées : Salle des Fêtes, Salle de Variétés, Polythéama et, enfin, Salle Théobald Chartran.
Pourquoi Salle Chartran ? Parce que, tout près de là, s’élevait, et s’élève toujours un buste dont le socle porte cette inscription :
A THEOBALD CHARTRAN
1849-1907
SES COMPATRIOTES
SES ADMIRATEURS
SES AMIS
A l’origine, la statue n’était pas telle que nous la voyons et si Chartran, la moustache conquérante, lève les yeux comme pour chercher l’inspiration, c’est qu’autrefois il était accompagné par une muse, romantique et alanguie…
Celle-ci a disparu durant la dernière guerre, fondue en même temps que bien d’autres bronzes de la ville. On peut cependant encore remarquer, sur la partie droite du monument, quelques « cicatrices » aux endroits contre lesquels elle s’appuyait.
Mais qui était donc Chartran ? Ce peintre de portraits et d’histoire eut son heure
de célébrité. Il est né en 1849 à Besançon, où son père était conseiller à la Cour, et où il suivit des cours au lycée, puis à l’école des Beaux-Arts ; partout, le jeune Théobald tenait beaucoup de place, boute-en-train, facétieux et exubérant. En 1877, il concourut pour le prix de Rome de peinture. Le sujet à traiter était :
« La prise de Rome par les Gaulois » et Théobald qui avait de grandes facilités, eut vite terminé, après quoi il s’amusa à faire le portrait des surveillants et peignit même sur le mur d’un couloir une fresque représentant « le gardien-chef majestueusement assis sur un siège antique, entouré des autres gardiens, et dominant de son importance les humbles logistes ». Cette peinture murale resta en place, du reste, pendant plus de vingt ans… Et Chartran reçut le prix de Rome. Ce fut alors le début d’une carrière parisienne chargée d’honneurs et où les commandes de portraits officiels ne manquèrent pas. En 1892, Chartran était marié lorsqu’il partit pour l’Italie où il devait exécuter le portrait de Sa Sainteté Léon XIII. Le peintre emmena
sa femme à Rome et celle-ci le supplia de lui faire obtenir une audience privée avec le Pape. Chartran se fit tirer l’oreille car il savait son épouse très gaffeuse, mais il céda malgré tout et, avant l’entrevue, fit à sa femme de nombreuses recommandations :
« Tiens-toi bien… Agenouille-toi… Et surtout, surtout, ne dis rien. »
Le soir, madame Chartran revint du Vatican et raconta, enchantée, son aventure :
« Il a été charmant, charmant… Tu aurais été content de ta petite femme, mon chéri… A tout ce qu’il disait, je répondais simplement : OUI SAINTSIEGE… OUI SAINT SIEGE… Et il riait, et il riait. Je n’aurais jamais cru qu’un Saint-Siège pouvait être aussi gentil que lui… »
On peut penser que madame Chartran était bien belle, et que sa beauté faisait oublier les bévues, peut-être existe-t-il encore des portraits d’elle ?
Après la mémorable toile représentant Léon XIII, Chartran reçut encore bien des commandes officielles : M. Lozé, préfet de police ; en 1894, Sadi Carnot, Président de la République ; Sarah Bernardt en 1896 et enfin, en 1906, tout ruisselant d’or et de pierreries, le Maharadjah de Kapurtala…
Ses contemporains admiraient la facilité de Chartran, mais regrettaient de le voir si peu travailler sa peinture. On lui reconnaissait cependant le don de disposer ses sujets de façon harmonieuse et de les mettre en valeur.
Peignant très rapidement, il terminait un portrait après quelques séances de pose à peine, ce qui était bien apprécié par les célèbres modèles souvent fort occupés, et cela ajouta à son renom, spécialement Outre-Atlantique, car Chartran fut souvent appelé aux Etats-Unis pour d’importantes commandes.

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