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Publié le 27 octobre 2025
Bulletin n°62 bis La Bataille de Morat (Suisse)
Lors du voyage en Suisse en juin 2024, nous avons pu apprécier un diaporama sur la bataille de Morat qui a vu la défaite de Charles le Téméraire en 1476 mais pas le « panorama. ».
« Sur les pas de Charles le Téméraire » Un objet d’art « invisible » !
Dans l’esprit du XIXe siècle et afin que cette bataille ne soit pas oubliée la Confédération a organisé pour le 400e anniversaire (1876), des fêtes grandioses avec des reconstitutions historiques, rappelant les mythes fondateurs de la Suisse.,
Par la suite, en 1894, un panorama a été créé à l’image de celui de Lucerne pour « la retraite des Bourbakis » qui date de 1881.
Les panoramas marquent l’architecture du XIXe siècle
Le Larousse du XIXe siècle le définit comme « un vaste tableau circulaire placé autour d’une rotonde, de façon que le spectateur voit les objets représentés comme si, placé sur une hauteur, il découvrait tout l’horizon environnant».
Le premier panorama, en France, fut inauguré à Paris en 1800. La mode va se répandre en Europe au cours du XIXe siècle pour fêter de grandes victoires ou des événements importants. L’engouement est alors tel qu’un témoin écrira, lors de l’exposition universelle de Paris, en 1900 : «Aimez-vous les panoramas ? On en a mis partout… il n’est guère de section qui ne présente un ou plusieurs de ces paysages en trompe-l’œil, panoramas ou dioramas, et dans la plupart des pavillons, la foule inlassable se presse, se bouscule devant ces tableaux dont la contemplation paraît la ravir.»
Le panorama de la bataille de Morat (vue partielle)
En l’espace de dix mois, la peinture est réalisée par Louis Braun, un Munichois qui a déjà travaillé sur d’autres panoramas.
Son œuvre de dix toiles s’étend sur 1000 m2 (10 m de haut pour 100 m de long).
A titre de comparaison, celui de Lucerne a un diamètre de 35,6 m et une hauteur de 10 mètres.
La représentation à hauteur de Morat balaie le paysage et ses alentours. Elle marque le moment où les Confédérés et leurs alliés viennent de faire irruption dans le camp bourguignon. Ils ont forcé la palissade et pris d’assaut le camp ennemi. Ils dévalent la pente. La panique s’installe et les soldats se débandent.
Charles le Téméraire s’enfuit, les chariots sont renversés, les vivres sont éparpillés. Le peintre s’inspirant de gravures anciennes amène le spectateur à s’immerger dans la bataille, dans sa cruauté mais aussi dans son imaginaire parfois fantaisiste.
L’exploitation commerciale du panorama dure de 1894 à 1909. Le panorama est exposé à Zurich, puis à Genève.
Les propriétaires le mettent en vente en 1917. Un entrepreneur l’achète et l’offre en 1924 à l’Office du tourisme de Morat. Les rouleaux sont conservés mais non visibles et rarement exposés.
La restauration (1996 /2002)
La Fondation pour le panorama fut en 1996 à l’initiative d’une étude sur la genèse et l’histoire du panorama et chargea un groupe de restaurateurs d’évaluer son état et d’en assurer la conservation d’urgence. L’œuvre était relativement bien conservée, malgré une déchirure de 18 m, des taches de moisissure sur les bords. L’oeuvre fut donc restaurée
La fondation chercha pendant des années un site permanent d’exposition.
Expo.2
L’exposition nationale suisse de 2002 (Expo.02) a eu lieu autour des lacs de Bienne, de Neuchâtel et de Morat.
Lors de l’Expo.02, le panorama est montré au public dans le Monolithe de Jean Nouvel sur l’Arteplage de Morat.
Les Arteplages sont une invention d’Expo.02. Le concept n’était pas de développer des expositions à l’intérieur d’une halle, mais bien de créer des territoires d’expositions en rive ou sur les lacs.
Fin 2002, le monolithe est démonté. Le panorama retrouve ses rouleaux qui sont remisés dans un entrepôt militaire inaccessible au public.
Toutefois une campagne de numérisation en 3D est en cours. Depuis, le Panorama attend à la fois des bienfaiteurs et un lieu permanent d’exposition. Le 550e anniversaire en 2026 pourrait être l’occasion à saisir…
Références: Sites internet : « Murten panorama » et « Panorama Morat 1476 »
Revue :« Passé simple, mensuel romand d’histoire et d’archéologie » Juin 2008
Jack Bourguet
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