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Publié le 31 mars 2025
L’Usine Dodane

Ce batiment peu connu et peu visible marque l’architecture bisontine. Il a fait l’objet d’une unique visite présentée par RVB lors des journées du patrimoine en 2018.
L’architecte Auguste Perret et ses frères imposent dans les années 1920 une conception de l’ossature de piliers et de poutres apparente, traitent le béton comme un matériau minéral, jouant sur le choix des agrégats et sur leur mise en valeur (le béton bouchardé)
R. Dodane achète un terrain dans le quartier de Montrapon. Il rencontre Auguste Perret « un architecte moderne » par l’intermédiaire de son frère. Il demande à l’architecte d’associer dans le même édifice deux fonctions: travailler et se loger. Le programme prévoit ainsi, outre l’espace nécessaire à l’ensemble des opérations de fabrication des montres (montage, réglage, contrôle, habillage, expédition), de réserver une part du bâtiment au logement du directeur et de sa famille.
Auguste Perret implante le bâtiment dans une grande parcelle close en ne lui donnant que peu de contact avec la rue. Il marque ainsi fortement l’entrée de l’usine. Cette position du bâtiment, perpendiculaire et en léger retrait par rapport à l’avenue de Montrapon permet de protéger les appartements familiaux tout en profitant au maximum de la lumière.
Combinée à la forme générale allongée et étroite de l’édifice, elle permet une utilisation optimale de l’éclairage naturel traversant, en particulier pour l’atelier de fabrication. L’implantation, à l’extrémité nord-ouest de la parcelle, laisse libre un maximum de terrain pour l’aménagement d’un parc privé à la française.
Construit entre 1939 et 1943, les travaux sont suivis par André Boucton (Le Building rue Proudhon en 1926). A l’image des monuments antiques, les façades de l’usine se composent d’un soubassement, d’un corps de bâtiment et d’un attique.
Chacun a un traitement distinct.
– le soubassement sur cave (chaufferie) présente des baies presque carrées (vestiaires, archives, conciergerie, personnel de maison…),
– le corps du bâtiment des ouvertures verticales qui élancent la façade vers le haut (logement du directeur et bureaux de direction (Administration),
– l’attique, de grandes baies carrées composant un bandeau horizontal qui permet un bon éclairement naturel de l’atelier (la production),
– une corniche débordante ferme le tout,
– une toiture terrasse accessible,
– la symétrie, l’alternance identique et répétée de pleins et de vides, la verticalité des baies dominent.
Le rôle de la lumière est primordial. Les ouvriers travaillaient derrière des bureaux en retrait de la fenêtre face au sud sur un seul plateau de 350 mètres carrés avec un réglage des différentes ouvertures des fenêtres. La vue s’étend sur la citadelle, le jardin à la française, la villa des Glycines… Auguste Perret conçoit et dessine non seulement le bâtiment et le parc (jardin, piscine, tennis) mais aussi l’ensemble du mobilier et des éléments de décor intérieur. (Système d’occultation de la lumière par des stores dans l’atelier, évacuation des poussières par des cheminées intérieures…). Dans la cuisine une frise animalière court sous le plafond, les murs sont carrelés, le sol est en mosaïque…,
Une citation d’Auguste Perret :
«Mon béton, disait-il en 1944, est plus beau que la pierre. Je le travaille, je le cisèle… j’en fais une matière qui dépasse en beauté les revêtements les plus précieux.»
Mon béton, disait-il en 1944, est plus beau que la pierre. Je le travaille, je le cisèle… j’en fais une matière qui dépasse en beauté les revêtements les plus précieux.